Les plantes bioindicatrices
- Coralie Vinet

- 20 août
- 3 min de lecture
Dans nos fermes florales bio où le désherbage se fait sans produit chimique, il est alors difficile de ne pas se laisser déborder par des « mauvaises herbes » dans certaines aires de productions. Ces adventices se développent souvent plus rapidement que nos cultures : le désherbage devient donc une activité quotidienne.
En tant que paysanne, j’apprends beaucoup de mon sol en les observant. Elles peuvent révéler une perturbation ou, au contraire, un équilibre. Effectivement, les graines des adventices en dormance vont germer dans des conditions particulières qui sont favorables à leur développement. Elles nous renseignent ainsi sur le sol lorsqu'elles apparaissent.
À noter que d’une année sur l’autre la flore adventice peut différer ! C'est pourquoi, mon métier implique de m'adapter en améliorant sans cesse l’état de mon sol. L'objectif est de favoriser la croissance de mes cultures en préservant les ressources de notre sol et celles nos écosystèmes.
Si les adventices sont présentes dans nos fermes autant en tirer parti ! Leur présence reste importante dans nos systèmes écologiques car elles agissent comme des corridors de biodiversité et favorisent par conséquent le contrôle des ravageurs et la pollinisation. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est qu’elles sont révélatrices de la nature et des propriétés de nos sols. En effet, la flore adventice peut participer à un diagnostic du sol en nous indiquant :
- sa structure (compacte ou aérée),
- son pH,
- sa texture,
- sa composition minérale,
- sa capacité de rétention.
Certaines plantes bioindicatrices désignent un excès ou une carence, d'autres donnent des indications sur la vie du sol.
Pour effectuer un diagnostic, il faut suivre plusieurs étapes. Tout d'abord, il faut réaliser un inventaire des espèces d'adventices sur la zone à étudier. Ensuite, plusieurs surfaces d’1m2 sont choisies et délimitées : elles doivent être représentative de l'ensemble du milieu notamment au niveau de la surface de recouvrement des espèces végétales.
Enfin, un premier diagnostic peut être établi.

Au mois de mars, Mathilde a effectué un stage à la ferme dans le cadre de sa licence biologie. Elle a ainsi réalisé le protocole indiqué ci-dessus dans deux de mes tunnels et voici son analyse :
Caractéristiques analysées | Espèces végétales bioindicatrices - SERRE 1 | Espèces végétales bioindicatrices - SERRE 2 |
Texture argileuse | - Oxalis corniculé - Géranium à feuilles découpées - Vergerette du Canada - Séneçon commun - Stellaire intermédiaire | - Ravenelle - Petite oseille - Vesse hérissée |
pH basique | - Oxalis corniculé - Géranium à feuilles découpées - Vergerette du Canada - Stellaire intermédiaire | |
pH acide | - Ravenelle - Petite oseille - Vesse hérissée | |
Faible teneur en sel | - Oxalis corniculé - Géranium à feuilles découpées - Vergerette du Canada - Séneçon commun - Stellaire intermédiaire | - Ravenelle - Petite oseille - Vesse hérissée |
Forte teneur en nutriments | - Oxalis corniculé - Géranium à feuilles découpées - Séneçon commun - Stellaire intermédiaire | - Ravenelle |
Faible teneur en matière organique | - Oxalis corniculé - Géranium à feuilles découpées - Séneçon commun - Stellaire intermédiaire | - Ravenelle - Petite oseille - Vesse hérissée |
Mathilde a inventorié dans la première serre, cinq espèces végétales sur 2m2. Elles révèlent que le sol possède une texture argileuse, un pH basique et une faible teneur en sel. Il est riche en nutriments mais pauvre en matière organique. Dans la seconde serre, elle a recensé trois espèces végétales sur 2m2 : le sol a globalement les mêmes caractéristiques, sauf pour le pH qui est acide dans ce tunnel.

À partir de cette analyse je vais donc pouvoir adapter mon travail du sol comme buter mes planches pour des cultures plus précoces, prévoir un engrais vert adapté, réaliser des apports calciques pour corriger le pH mais aussi installer une culture favorable aux conditions révélées.
EXEMPLES
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Même avec ces indications, il reste intéressant de réaliser tous les 3 ans des analyses de sol en laboratoire pour vérifier que nos pratiques agricoles sont sur la bonne voie.
Notre rôle en tant que paysannes et paysans est de prendre soin de notre sol et de le préserver pour favoriser la biodiversité.
Coralie VINET
Mathilde COLIN - SPRYCHA


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